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Chemin faisant
Sur son chemin le pèlerin
marchant d’un bâton hésitant
tâtonnait sans être serein
en quête d’un havre obligeant
À l’approche d’une cité
aux portes d’accueil prometteur
il en voit les toits dominés
par deux châteaux sur les hauteurs
Il s’enquiert auprès d’un passant
de l’étrange dualité
et du contraste saisissant
dont la ville aurait hérité
Il y a, lui dit le brave homme,
un Palais au lustre clinquant
où officient maints majordomes
auprès de maîtres ignorants
On franchit aisément ses portes,
pour sésame vos préjugés,
et solide haine en escorte
pour au podium être juché
Si l’amour de votre prochain
n’est point dans votre catalogue
n’affichez plus que vains chagrins
et n’ayez plus que feints dialogues
Au château de belle prestance
vous serez admis en faux frère
et vous y jouirez de l’aisance
propre aux maîtres de l’Univers
∴
Il y a, lui dit le quidam,
celui qui vous semble modeste
mais gouverné par une Dame
aimable en chacun de ses gestes
Nous la nommons Dame Sagesse
pétrie de doute salvateur,
en son château nulle bassesse
mais la ferveur guidant l’acteur…
…acteur d’un tracé sans limites
autres qu’issues d’humilité
sans nul modèle qu’on imite,
juste un grain de fidélité
Mais de « palais » pour la sagesse
faudrait-il nommer la demeure,
lui dit l’homme empreint de finesse,
quand jamais l’esprit vrai n’y meurt
∴
Du quidam méditant l’avis
et fort de cette expérience
le pèlerin a poursuivi
sa route pavée de conscience
Mais, se retournant vers la ville,
il n’aperçut que lourds remparts
et créneaux d’enceinte servile
la clôturant de part en part
Il ne vit plus là haut perchés
que les fantômes des palais,
lui, restant seul à rechercher
le vrai sur sa voie désormais.
Alors, reprenant son bâton
loin d’un désert sans oasis
le pèlerin fuit les leçons
dissertant sur vertus et vices
Jean PACHOT LAGARRIGUE Le 20 décembre 2021