Les tutus et le prédateur Du goudron et des plumes
Une Dame Vertu
régnait à l’Opéra
auprès de petits rats
vêtues de leurs tutus
Un singe malotru
rôdait dans les coulisses
les yeux cernés de vice
et tenant propos crus
La Vertu s’en offusque
et appelle au secours
n’ayant d’autre recours
pour éloigner le rustre
Mais le singe haut perché
protégé par les siens
sait qu’il ne risque rien
bien qu’étant recherché
Ami du directeur
de l’Opéra comique
et des scènes lyriques
le singe prédateur *
amateur de chair fraîche
et méprisant les prêches
poursuit de ses ardeurs
les trop tentants tutus ;
mûrissant son venin
tout au long du chemin
des briseurs de vertu
jouant les impromptus
.°.
Avait-il cependant
imaginé le piège
tendu par ces espiègles
osant montrer leurs dents
Tandis que le faquin
affûtait son grimage
et lissait ses moustaches
les petits rats taquins
répandaient du goudron
pour le vil fanfaron
inoculant la peur
à cet odieux satrape
sans que son être échappe
Amis, imaginez
la glissade effrénée
du singe malmené
au corps badigeonné
de cette glu tenace,
finis les mots salaces,
contemplez l’impudent
pitoyable figure
enduite de souillures
et rageant en dedans
Viendraient enfin les plumes
aux très jolis reflets
enrobant le replet
au bitumeux costume
Et les impertinentes
ces délurées gamines
se léchant les babines
vont séance tenante
déposer leur trophée
et sa dégaine obscène
au milieu de la scène
où l’on jouait Orphée
.°.
Notre Dame Vertu
débordée par l’audace
de ses filles tenaces
revêtues de tutus
reprit l’entrainement
des étoiles futures
montrant la fière allure
de leurs enchaînements
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