SERIE NAÏS ET TOTOTCHE

Dans la série pour juniors Naïs et Totoche « escale au temps des Gallo-Romains » est un roman-feuilleton.
Pour quelle raison ?
« L’amour de la lecture se cultive dès le plus jeune âge et se nourrit également à l’adolescence ». Chacun sait ça.
1. Qu’est-ce que lire ?
D’après Perrine Déprez (Instagram @perrineschum) : « La lecture est une belle ouverture sur l’imaginaire, sur le monde. Le monde qui entoure les adolescents, mais aussi celui des émotions, de l’intériorité…
La lecture permet également une très belle inscription de soi : quand vous lisez, vous « êtes », même si votre esprit voyage à travers les mots. Les mots sont précieux : ils nous construisent dès notre naissance, ils sont ce qui permet à chacun d’exister…
Le rythme de la lecture d’un junior dépend de sa capacité à intégrer chaque mot du récit et à faire de cet enchaînement de mots une histoire qui prenne sens pour lui…
Cette présence concentrée sur une activité permet au lecteur de se poser et prépare l’appareil cognitif à la possibilité d’acquisition de nouvelles connaissances. »
La lecture est donc un acte complexe. Pour le montrer, Jean-Philippe Arrou-Vignod, donne une belle image du livre : « il est une petite pelote dont on découvre le contenu au fur et à mesure, comme si on la déroulait peu à peu. Parfois, il nous faut plusieurs pages pour adopter un personnage, le ton d’un auteur, un univers… »
À âge égal, les juniors n’ont pas le même rapport à la lecture, certains dévorent de longues histoires complexes alors que d’autres sortant à peine des contes, des histoires courtes, présentent souvent des difficultés à entrer dans un nouvel univers et à s’attacher aux nouveaux personnages.
D’où l’intérêt des séries et des romans feuilletons, qui proposent des univers ou personnages récurrents. Il est plus facile pour un lecteur junior de se plonger dans un livre composé « d’ingrédients familiers et connus. » (Jean-Philippe Arrou-Vignod,)
2. Les romans de Naïs et Totoche forment une série
Les romans qui content les aventures insolites de « Naïs et Totoche » constituent un ensemble. Les protagonistes, Naïs et Totoche, ados de 13-14 ans, remontent le temps en empruntant une faille spatio-temporelle. Lors de cette distorsion temporelle, ils subissent des modifications physiques et cognitives. Ils acquièrent quelques particularités de l’époque où ils atterrissent (habits, langue orale), tout en conservant les connaissances et la mentalité d’ado de 2022. Dans un contexte de petite histoire dans la grande histoire, ces romans renvoient au quotidien du lecteur et à son imaginaire.
La série Naïs et Totoche comporte pour l’instant 2 romans :
-
Naïs et Totoche au temps des pharaons est le premier roman de la série. Il donne le ton.
Nos héros doivent remplir une mission imposée par Uræus[1], réincarné pour l’occasion.
Pour ce faire, ils doivent traverser l’Égypte ancienne et affronter de nombreux dangers. Les imprévus et les nombreux rebondissements les conduiront jusqu’au palais de Cléopâtre. L’intervention du merveilleux et de la magie leur seront d’un grand secours.
[1] Uræus : Représentation d’un cobra femelle dressé et portant sur la tête un disque solaire, emblème des pharaons évoquant l’œil de Rê, dans l’Égypte ancienne
-
Escale au temps des Gallo-Romans, second roman de la série, est un roman-feuilleton.
Remonter le temps par inadvertance (en appuyant par hasard sur l’œil d’un poisson lors d’une exploration des ruines de la villa romaine attenante à la maison arlésienne de Naïs), est vraiment un manque de chance. D’autant plus que pour retrouver l’an 2022, ils doivent réappuyer sur le même œil de poisson. Mais où sont-ils ? Et les ennuis arrivent en masse. Ici aussi, merveilleux et magie se portent à leur secours.
3. Pourquoi être passé au roman-feuilleton ?
Le roman-feuilleton est un genre littéraire à part entière. Comme tout roman, il cherche à susciter l'intérêt et le plaisir du lecteur en racontant le destin d'un héros principal, une intrigue entre plusieurs personnages. Les personnages sont présentés dans leurs psychologies, leur passion, leurs aventures, leur milieu social.
Le roman-feuilleton se définit par sa forme et non par son fond : épisodes et périodicité. Sa publication est une publication morcelée, par la mention « À suivre »
-
Quelle est son histoire ?
Au départ, le « feuilleton » d’un journal, est une rubrique qui se situe en bas de page d’un quotidien et qui est séparée du reste du texte (en général plus sérieux et politique) par une fine ligne. Cet élément, également appelé « rez-de-chaussée », est un des premiers rubricages[1] clairs dans la presse de l’époque (il se développe dans les années 1830).
Au cours du siècle, l’utilisation de cette rubrique se spécialise : on y fait paraître des extraits littéraires, puis des romans dans leur totalité, publiés par tranches, en parallèle d’articles de critique. Certains textes sont écrits spécifiquement pour ce mode de publication : souvent longs, ce sont des romans populaires qui exploitent le suspens des interruptions programmées, et n’hésitent pas à ajouter des péripéties, à réutiliser des personnages d’un roman à l’autre, afin de conserver l’attention des lecteurs ( Alexandre Dumas et ses mousquetaires, Eugène Sue avec les mystères de Paris ou encore Ponson du Terrail et ses nombreux romans où l’on retrouve Rocambole, en sont d’excellents exemples.
-
Quels sont les avantages de la publication d'un roman en feuilleton ?
Il a permis aux auteurs de vivre de leur plume de façon plus régulière. Les romans feuilletons touchent une audience immense, (extension du public qui lit de plus en plus de romans et démocratisation de la presse.)
4. Est-ce un bon format pour de jeunes ados ?
Le rapport à la lecture est très varié chez les juniors, certains lisent de très gros livres d’autres sont effrayés par ceux qui comptent un peu plus de 100 pages.
-
Comment s’y prendre pour toucher le maximum de lecteurs de cet âge ?
Sachant que certains juniors sortent à peine des contes, des histoires courtes, qu’ils présentent souvent des difficultés à entrer dans un nouvel univers avec de nouveaux personnages. Mais aussi, ayant constaté, lors des échanges dans les salons que le roman 1 Naïs et Totoche au temps des pharaons attirait dans sa conception (influencée par les ateliers de lecture mis en place par les enseignants des Écoles, j’ai introduit avant chaque partie (il y en a 4) un questionnement dans le but d’inciter les jeunes lecteurs à émettre des hypothèses de lecture et à les poster sur mon site. Une façon comme une autre, d’introduire l’interactivité.)
Si ces échanges potentiels et la petite taille des chapitres séduisent, le roman qui compte 185 pages en rebute plus d’un ! Certains parents considèrent ce livre bien trop gros pour leurs juniors.
-
Comment pallier cet inconvénient et ne pas négliger les bons lecteurs ?
Après réflexion et longue documentation, « Escale au temps des Gallo-Romains » est devenu un roman-feuilleton composé de 4 livrets ou 4 épisodes aux chapitres courts et comptant moins de 100 pages chacun. Pour motiver et inciter les jeunes lecteurs à poursuivre leur lecture, des interruptions programmées terminent chaque livret avec les fameux « à suivre ».
D’après les constats faits sur les plateformes réalisant des romans feuilletons, « Aujourd’hui environ 60 % des lecteurs lisent un épisode par jour et 40 % dévorent leur histoire en une seule fois.” Pour satisfaire les 40 % de jeunes dévoreurs d’histoires longues, une possibilité sera ménagée : les 4 Livrets « d’Escale au temps des Gallo-Romains » seront réunis en un seul tome dans une prochaine édition.
Le roman-feuilleton est peut-être une manière d’attirer de très bons lecteurs et d’emporter dans le sillage des « à suivre » ceux qui présentent quelques difficultés.
Les différents éléments qui composent le roman-feuilleton « Escale au temps des Gallo-Romains »
[1] Rubriquage : Gestion des rubriques d'un journal

1. retrouver le tunnel
2. trouver gîte, couverts, sécurité

1. retrouver le tunnel
2. Guérir Maître Agricola

1. retrouver le tunnel
2. Arrêter le fléau peste rouge

1. retrouver le tunnel
2. guérir Totochix ; et le délivrer
Chaque livret présente un prologue qui sert à situer les protagonistes, l’action, rappelle l’enjeu final et le problème spécifique de l’épisode à lire. Ce dernier se termine par un cliffhanger*[1] pour motiver et poursuivre la lecture du livret suivant.
[1] Cliffhanger= suspense
Chaque livret est prolongé d’un cahier d’activités ludiques, faciles, qui a pour but non seulement de motiver, mais aussi de retenir l’essentiel (enjeux et thème général abordé dans le livret ou dans le texte de Totoche).
Le roman-feuilleton a aussi l’avantage d’initier à la lecture continue, au « binge-watching * » qui est un comportement divertissant… Mais qui pourrait devenir problématique, lorsqu’on en est addict !!! Ici, il n’y a aucune chance ! Puisqu’il n’y a que 4 livrets…
Le roman-feuilleton (livre papier ou numérique), pourrait satisfaire les gros lecteurs (les 4 livrets d’escale au temps des Gallo-Romains comptent 325 p.) ainsi que ceux ayant quelques difficultés ou peu de temps à consacrer à la lecture.
Les interruptions programmées des livrets séparés par les fameux « à suivre » ont pour objectif d’entretenir le suspense et de donner envie de continuer à lire en ouvrant le livret suivant.
« Escale au temps des Gallo-Romains » réussira-t-il à atteindre ce but ?
[1] Le binge watching, la plupart des gens le pratique sans même le savoir. Il s'agit en réalité du fait de « consommer » des séries télévisées en continu et sans pouvoir s'arrêter.
[1] Cliffhanger= suspense