Pourquoi écrire ?
- Isabel Lavarec
- 1 mai
- 2 min de lecture

On pose souvent cette question à celles et ceux qui écrivent : Pourquoi écrivez-vous ?
Parfois, elle jaillit de la curiosité sincère. D'autres fois, elle traduit une forme d’étonnement, voire de suspicion : pourquoi consacrer tant d’énergie à inventer des histoires, à remplir des pages de mots, à vivre dans l’imaginaire ?
Et la réponse n’est jamais simple, jamais unique. Car écrire, c’est tout cela à la fois : un besoin, une jouissance, une responsabilité, un acte de partage, de résistance, de transmission.
Prenons l’exemple d’une autrice. D’abord enseignante passionnée, elle a consacré sa vie à transmettre, à déconstruire les murs entre savoirs scolaires et expériences de vie, à construire des ponts entre les disciplines, les cultures, les générations. Écrire des manuels lui permettait déjà de poser des jalons, de baliser des chemins d’apprentissage. Mais ce n’est qu’à la retraite qu’un autre besoin s’est imposé : celui d’écrire des fictions.
Écrire, dans ce cas, c’est explorer un espace de liberté totale. Créer des personnages, des mondes, des voix. Jouir d’une forme de toute-puissance… à condition de ne pas s’y perdre. Car toute écriture responsable implique des garde-fous : la cohérence du récit, la conscience de l’auteur·rice, et surtout, l’exigence du lecteur. Ce triangle vertueux — logique de l’histoire, conscience, réception — sauve l’auteur du narcissisme pour l’ouvrir à l’altérité.
Écrire, c’est alors rencontrer. Par le texte, d’abord, en espérant toucher quelqu’un. Mais aussi par la lecture partagée, les échanges en salons, en librairie, en milieu scolaire. Ces instants précieux ancrent l’auteur dans le réel, le sortent de sa solitude, et parfois, de son confort intellectuel. Car l’écriture peut isoler autant qu’elle libère. Ce sont les lectrices et lecteurs, leurs réactions, leurs questions, qui remettent l’auteur à sa juste place.
Et peut-être est-ce cela, au fond, le plus beau moteur de l’écriture : non pas être un démiurge, mais un passeur. Un·e témoin de son époque, un artisan de sens, un bâtisseur de ponts.
Écrire, c’est transmettre ce qu’on a compris du monde, et parfois ce qu’on n’a pas encore compris. C’est chercher des réponses, en semant des questions.
Et toi le Barde pourquoi écris-tu ?
Et vous, pourquoi écririez-vous ?
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