
Pas de mots inutiles, lisez plutôt :
et pendant ce temps là
On voudrait un musée
un musée du futur
avec des collections
de vieilles utopies
dévorées par l’usure
et rongées d’amertume
avec un inventaire
de fausses solutions
et de pâles copies
de modèles anciens
mais nous sommes réduits
réduits au tous chez soi
au musée domestique
on visite à toute heure
ses propres collections
de précieuse mémoire
mais on n’entendra pas
le gardien vigilant
vociférer « on ferme ! »
et pendant ce temps là
les musées au présent
nous privent du passé
congelant les génies
et pendant ce temps là
la gamberge s’envole
vers un homme augmenté
assignant au présent
des humains diminués
espérons cependant
que les toiles dialoguent
échangeant leurs secrets
tout en se languissant
de croiser nos regards
en cure d’abstinence
Ballade des oiseaux maudits
Amis ornithologues
du travail vous attend
pour nouer un dialogue
avec les indécents
oiseaux que l’on a dit
de très mauvaise augure
Leurs expressions raidies
condamnent nos figures
et ce jusqu’au printemps
à recouvrir leurs dents,
-faciès contre nature-
d’un voile paravent
Amis des emplumés
porteurs de prophéties
tel Cassandre englués
redonnez-nous la fête
recouvrez de goudron
les fatals volatiles
qui font tourner en rond
nos esprits versatiles
Et si nos environs
cessent d’être fébriles
nous y retrouverons
quelques propos futiles
Amis taxidermistes
conservez empaillés
les phraseurs alarmistes
qui d’un ton embrouillé
congelaient nos espoirs
de sortir d’un tunnel
où piétine l’Histoire
agitant les crécelles
d’un temps prison sans fin
où l’homme est confronté
à d’incertains confins
aux rives démontées
Communication
comme unique action ?
Communication
comme unique action
le fait se fait mythe
le faux sans défaut
le vrai qui effraie
Communication
comédie d’action
dessin sans dessein
destin sans festin
demain sans chemin
Communication
comme une addiction
toile sans étoile
rumeurs et humeurs
déni sans délit
Communication
comme indication
message dressage
langage bagage
aux marges du large
Communication
comme une effraction
règne de l’araigne
des mots sans émaux
et des mots démons
Communication
comme éducation
en songe et mensonge
en ligne et consigne
en fuite et poursuite
Communication
comme une intrication
maîtrise et mainmise
gris sage et grillage
mot guide et mots vides
Communication
comme unie fraction
en caste enkystée
fléchage et léchage
clôture et clonage
Communication
comme urtication
grattage et bourrage
griffure et enflure
idées trop bridées
Communication
comme explication
la clé assénée
livrée agréée
bonne à consommer
Communication
comme une infraction
sens unique inique
sens en contre essence
sens del’ indécence
mais parfois aussi
Communication
comme invitation
échange entre branches
égards et regards
accueil sans écueil
Communication
comme une affection
d’amour et d’humour
tendresse et caresse
reflets sans regrets
Communication
comme unie Nation
parole en corolle
alliance et vaillance
pourtour et parcours
Villes viles
Ville décor
ville des corps
offerts la nuit
trompe ennui
si vous voulez
vous dessaouler
Ville séjour
ville détour
des rues musées
des vues rusées
impasses lasses
et mornes places
Ville hors les murs
ville mixture
ancienne enceinte
cité repeinte
périphéries
sans leurs prairies
Ville copie
ville aux faux plis
où est ton âme
où git ta flamme
exil du ventre
sorti du centre
Ville utopie
ville toupie
terrasses miel
en gratte fiel
spirale étrange
et dalle échange
La même intention
Il est des ambitions
qui avancent masquées
d’autres sans se cacher
mais la même intention :
accéder au contrôle
de l’humain sur l’humain
feignant tendre la main
…..mais à chacun son rôle
à chacun son matin
sans aube qui se lève
sans sécrétion de sève
pour l’exclu du destin
On parlait d’ascenseur
mais Roux Combaluzier
renvoie à l’escalier ;
en panne est son moteur
Il est des ambitions
sans besoin d’une échelle
sans s’ériger rebelle
pour dompter la Nation
Il suffit d’avoir père
au nom qui sonne haut
un carnet, un réseau
et une once de flair
Ajoutez des compères
sur les bancs d’un lycée
et vous serez hissé
au rang des fiers confrères
Vous appendrez les codes
irez sur les plateaux
hanterez les studios
en épousant leurs modes
Il est des ambitions
domaines réservés
aubaines préservées
jouant leurs partitions
Sol bosselé
Sur un sol bosselé
comme agité de vagues
dans un temps désolé
comme habité d’opaque
le monde est exilé
sur son propre terroir
aux rebords déformés,
remisant au tiroir
les clauses réformées
de nos anciens contrats,
avec points à la ligne.
Ligotés dans les bras
d’une pieuvre maligne
prête à nous étrangler
si à un moindre signe
venu de l’étranger
nous frémissons d’espoirs
nourris d’une utopie
aux contours de miroirs
où le monde copie
ses rêves d’une fête
où l’homme en carmagnole
déroule sans prophètes
ses fils de course folle
Sur un sol malmené
comme infiltré de fiel
dans un temps détourné
des promesses de miel
Claviers, jeux et pédaliers
Dessous le clavier du piano
il y a des milliers de notes
qui attendent des mariages
insolites et à tous vents
des accords et des dissonances
des rencontres en noir et blanc
accouchant de couleurs inouïes
Dessous les touches effleurées
il y a des semelles feutres
murmurant leurs sous entendus
de ruissellements délicats
s’écoulant en arc en ciel
des irisations multipliées
naissant de doigts hallucinés
S’évadant du buffet de l’orgue
batifolent des airs baroques
des noëls venus de la rue,
s’épanchent des cœurs romantiques
grondent des orages grandioses
saturant la nef de zébrures
embrasant la voûte d’ogive
Et, sublime dans sa tribune,
le maître des jeux et registres
jouit d’un pouvoir d’apocalypse.
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